Alors que la grève des scénaristes à Hollywood touche à sa fin, un autre débat a récemment émergé et implique directement le secteur de la traduction et de l’IA : les voix-off de synthèse. Des vidéos attestant de la qualité de ces voix circulent et font le buzz sur les réseaux sociaux. S’agit-il d’un simple mirage, d’un coup de comm’ réussi ou d’une révolution pour les métiers de la traduction et de la post-production ?
Des dangers déjà identifiés
Deepfake, criminalité liée à l’usage des voix-off de synthèse, ou possibilité d’utiliser la voix d’un défunt… les dangers identifiés sont déjà nombreux. Pourtant, les décisionnaires en entreprises envisagent sérieusement cette solution qui leur permettrait de diffuser leurs vidéos à moindre coût, alors même que les contenus vidéos ont la part belle dans la communication actuelle auprès des consommateurs.
En quoi les voix-off de synthèse peuvent-elles être une solution ?
Pour une TPE-PME au budget limité, là où le recours à des comédiens pour des voix-off humaines peut s’avérer chronophage et coûteux, l’usage des voix-off de synthèse peut être utile car elles s’avèreront meilleur marché et plus rapides à mettre en œuvre. Pour la traduction de vos supports de communication, cette solution est une alternative tout à fait acceptable à partir du moment où elle n’enfreint pas de droits d’auteur et où vous avez clairement identifié votre public cible.
En effet, il faut bien cibler votre public et vous assurer que l’usage de ces voix ne se retournera pas contre vous. Si vos consommateurs sont réfractaires aux usages de la technologie, ils peuvent mal recevoir ce message. Au final, vous aurez, certes, économisé sur la prestation, mais le coût à long terme risque d’être plus élevé si vos acheteurs vous tournent le dos.
Cette solution est aussi applicable dans le monde de la traduction de jeux vidéos et de la localisation. Elle assure une mise sur le marché et donc une mise en vente plus rapide de ces jeux dans le monde entier, ce qui permet d’éviter un grand nombre de téléchargements illégaux. Toutefois, comme pour la TPE-PME, il faut bien connaître sa communauté de joueurs, car elle peut très vite se retourner contre vous. Les voix peuvent impacter la jouabilité de votre jeu et les émotions que vous souhaitiez susciter en le créant. N’oublions pas que les dialogues contribuent à l’immersion et à l’adoption d’un jeu vidéo, alors ne négligez pas ce point-là !
La question de l’éthique
Comme évoqué en introduction, les dangers liés à ces IA sont déjà bien connus. Avec les Deepfake, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui, comme faire exprimer des idées politiques totalement contraires aux principes d’une personne. De plus, et c’est l’argument le plus développé par les défenseurs de la voix-off humaine, on perd toutes les subtilités liées au jeu d’acteur et ses émotions. Or on sait à quel point celles-ci sont importantes lors du processus d’achat d’un produit ou tout autre acte de consommation. Dernier argument, et non des moindres, des milliers d’emploi seraient menacés ou contraints d’évoluer.
Quels sont les terrains d’entente qui pourraient être trouvés ?
L’entreprise citée dans l’article de Slator (voir Sources) a tout simplement abandonné l’idée, mais d’autres sociétés qui ont actuellement le vent en poupe sur les réseaux sociaux misent gros sur ce marché.
A l’heure des NFT, la mise en place d’un « Spotify » de voix qui rémunère directement les acteurs à chaque utilisation de leur clone vocal pourrait-elle être une solution ? Le débat ne fait que commencer. N’oublions pas non plus que, comme pour chaque innovation, c’est au final le consommateur qui aura la décision finale sur son adoption, ou non…